Le romantisme est un mouvement qui a marqué l'Europe à partir de la fin du 18ème, dans tous les arts. Ainsi peut-on admirer dans les centres historiques de Vienne ou de Prague, mais aussi en Italie et tout le long du Danube une empreinte de romantisme toujours parfaitement visible. Pour dérouler son fil d'Ariane, l'UNESCO a choisi 8 sites listés au patrimoine mondial, dont San Gimignano vu ci-dessus. Commençons par un lieu qu'on n'attendait pas forcément dans cet inventaire-là : le mont Saint-Michel.
Depuis 1972, l'UNESCO établit une liste du patrimoine mondial. C'est parce qu'elle garde un œil attentif et perpétuel sur ces lieux d'exception, et notre planète en général, que la fameuse organisation a défini des "routes du patrimoine mondial de l'Union européenne", à savoir 4 itinéraires thématiques : romantique, antique, royal et souterrain. Son but ? Veiller sur eux en sensibilisant les voyageurs sur leur valeur universelle d'exception tout en leur garantissant un développement touristique durable. Ces routes ont été inventoriées en association avec le National Geographic, référence solide elle aussi. Alors venez, on vous emmène sur ces routes, revisiter ou découvrir ces sites "universels".
L'Europe romantique
Rendu peut-être romantique par sa baie qui laisse rêveur, mais aussi par l'archange Michel terrassant le dragon, installé tout là-haut, au sommet de l'église Saint-Pierre, le mont Saint-Michel est le seul site français du classement. Peut-être le Français n'est-il pas si romantique après tout. Nos voisins belges sont aussi à l'honneur de ce classement avec le centre historique de Bruges. Cet ensemble architectural parfaitement conservé est un entrelacs charmant de vieilles maisons dont beaucoup remontent au Moyen Age. Ses canaux lui confèrent un romantisme certain. Les charmants petits restaurants implantés dans ses rues ne s'y sont pas trompés.
Cette route romantique est encore longue et nous conduit vers des contrées germanophones : la vallée du Haut-Rhin moyen, en Allemagne, puis dans le Washau, en Autriche. Ici, le romantisme est à nouveau médiéval, il s'agit d'histoires d'amour vécues par des chevaliers de l'ordre teutonique et leur princesse, dans des châteaux bien conservés de la vallée du Danube. Passé la frontière, c'est en Tchéquie, cette fois, dans la vallée de Lednice-Valtice que l'UNESCO vous invite. Le paysage culturel de Lednice-Valtice se répand sur 143 km2 de châteaux et pavillons baroques et néo-gothiques, et un immense parc fait de grands jardins d'inspiration anglaise.
L'Europe antique
L'Antiquité nous emmène loin dans le temps. Si Paris conserve de Lutèce des vestiges bien visibles, pour en voir de grandioses, direction le Gard. Là s'élève le "pont du Gard", pont à voûte faisant partie d'un aqueduc qui acheminait l'eau de la source d'Uzès à la ville de Nîmes, 52 km plus loin. Merveille d'ingénierie s'étirant sur 3 niveaux (on se demande encore comment les ingénieurs de l'époque ont pu calculer sa pente sur une si longue distance), il est l'un des nombreux héritages visibles que nous ont laissés les Romains dans la région.
Sans surprise, on met le cap au sud. En Grèce, le sanctuaire d'Asclépios à Epidaure est consacré pour ses ruines bien conservées, notamment son théâtre antique imposant dédié à l'ancien dieu grec de la médecine, Asclépios. On considère en effet que le berceau de la médecine moderne se trouve ici, sur ce site antique qui pratiquait une médecine cérémonielle 2000 ans avant JC. Direction à présent le site d'Olympie où furent inventés les jeux olympiques en 776 avant JC. Déjà à l'époque, cette manifestation avait lieu tous les 4 ans, un rythme que le monde entier a conservé au fil des millénaires. Phénoménal.
En Espagne, c'est Tarragone, en Catalogne, et l'ensemble archéologique de Tarraco que l'UNESCO met en lumière. Tarraco est un ensemble architectural antique immense et la première colonie romaine installée en Espagne. Une merveille d'ingénierie à la fois militaire et urbaine dont se sont inspirés d'autres architectes impériaux, sur d'autres côtes.
L'Europe royale
Il n'y a pas de roi sans princesse et c'est donc naturellement que cette route croise celle du romantisme. Nous nous retrouvons donc à nouveau en Tchéquie, en Allemagne, mais aussi en Espagne et aux royaumes du Danemark et de Suède. Le tableau ne serait pas complet sans la présence des rois de France et de l'incontournable château de Versailles, si cher à Louis XIV. Ce monument d'architecture royale se voulait un modèle d'excellence voué à rayonner sur toute l'Europe, ce qui fut fait. Il fut ensuite souvent (mal) copié par les autres nations d'Europe.
Au Portugal, pas loin de Lisbonne, le "Paysage culturel de Sintra", constitué de collines, et de monts et merveilles, dans la Serra de Sintra, s'inscrit dans ce programme. Ce fut le premier. La vallée des Lacs est pleine de plans d'eau où s'élèvent parfois des tourelles médiévales au milieu de forêts plantées de pas moins de 500 espèces d'arbres issues du monde entier. Les monuments sont nombreux, souvent en très bon état : palais de Pena, palais national de Sintra, couvent des Capuchos, châteaux des Maures, entre autres.
En Allemagne, ce sont les châteaux et jardins de Potsdam qui ont retenu l'attention de l'UNESCO. Cet ensemble - château de Sanssouci, Nouveau palais, petit palais de Charlottenhof, château de l'Orangerie - qui mit près de 2 siècles à être achevé, est parsemé de jardins en terrasses, pelouses, haies, bassins, étangs, serres, bois et même de fleurs exotiques.
En Suède, c'est Stockholm qui nous offre son palais de Drottningholm sur l'île du lac Mälar. Comme à Versailles dont il s'inspire franchement, on peut faire de la barque dans le bassin face au château. Tandis qu'au Danemark, c'est le "paysage de chasse à courre de Zélande du Nord", près de Copenhague, qui a été distingué par la fameuse organisation. Une balade unique en Europe où vous croiserez facilement des chevreuils, et peut-être aussi des cerfs.
L'Europe souterraine
Goethe disait avec une grande justesse qu'on ne voit que la surface des choses. Ce qui n'empêche pas d'être curieux, et de creuser, quitte à se retrouver sous terre. Loin de l'esprit des catacombes, l'UNESCO nous emmène là vers des activités humaines par toujours abandonnées, à commencer par les mines du Nord-Pas de Calais (dont le Centre Historique Minier de Lewarde), de Falun en Suède, de Zollverein et de Rammelsberg en Allemagne et de Wallonie en Belgique. On touche là à un tourisme industriel, mais aussi à la découverte de paysages qualifiés parfois d'"émotionnels" par l'UNESCO comme c'est le cas pour notre bassin minier du Nord, ponctué de corons.
Le vin est aussi mis à l'honneur par cette route, à commencer par le fameux Tokay (ou Tokaj) de Hongrie. Mais ce qui nous intéresse là, c'est moins le fameux nectar encensé par Louis XV qui le considérait comme le "Vin des Rois, le Roi des Vins", que le réseau exceptionnel des caves en roche volcanique où il se bonifie dans des tonneaux de bois. Si le Tokay est la 1ère appellation au monde de l'Histoire, en 1757, on ne pouvait omettre d'inscrire aussi notre belle région de Champagne dans ce palmarès des sites souterrains, au travers de ses caves se déroulant sur des centaines de kilomètres.