Aix-en-Provence sur les pas de Paul Cézanne

Paul Cézanne est né en 1839 à Aix-en-Provence et on peut dire que le peintre était très attaché à sa ville natale. Considéré comme le précurseur du post-impressionnisme et du cubisme, il dépeint dans ses œuvres toutes les facettes de la nature provençale : plus de 80 de ses peintures représentent d’ailleurs la montagne Sainte-Victoire, qu’il considère comme sa muse. Il s’intéresse aussi aux natures mortes et réalise des portraits et des scènes de vie, comme les célèbres Joueurs de Cartes ou Les Grandes Baigneuses.

Il quittera parfois Aix-en-Provence, que ce soit pour rejoindre son grand ami Emile Zola à Paris, pour travailler à Marseille ou pour s’installer avec sa famille à Gardanne. Mais il finit toujours par revenir dans la ville qui l’a vu naître. C’est dans son atelier sur la colline des Louves qu’il réalisera ses dernières toiles avant de mourir en 1906.

Les jours de beau temps Paul Cézanne parcourait la nature pour peindre le “motif” et, lorsque la pluie s'installait, Paul faisait de même à l'intérieur de son atelier pour réaliser des natures mortes. « On croirait qu'un sucrier ça n'a pas une physionomie, une âme. Mais ça change tous les jours. Il faut savoir les prendre, les amadouer, ces messieurs-là », déclarait Paul Cézanne à propos de ses objets du quotidien.

En balade dans le centre-ville d’Aix-en-Provence, regardez au sol : de petits clous estampillés de la lettre C vous indiquent que vous êtes sur le parcours Sur les pas de Cézanne, une promenade qui permet de visiter la ville comme Paul Cézanne la vivait. L’itinéraire commence près de la statue du peintre, à l’Office du Tourisme, puis se dirige vers la Société des Amis des Arts, où Cézanne exposa à trois reprises. On rejoint ensuite le collège Saint Mignet, où le jeune Paul rencontra Emile Zola.

Le trajet passe devant les résidences de la sœur puis de la femme de Cézanne avant d’arriver à l’école de dessin musée Granet, où il suivit des cours. Le cimetière Saint-Pierre permet de se recueillir sur la tombe du peintre avant d’aller observer sa maison de naissance au 28 rue de l’Opéra. Quelques pâtés de maisons plus loin, on découvre le domicile des Cézanne de 1878 à 1881.

Le Cours Mirabeau abrite l’ancienne chapellerie où travaillait son père et le domicile de sa mère. Paul Cézanne aimait aussi retrouver ses amis à la brasserie Les Deux Garçons, détruite dans un incendie en 2019. On remonte ensuite vers la résidence des Cézanne de 1844 à 1850 et on enchaîne avec l’église de la Madeleine, où fut baptisé l’artiste.

On passe devant le domicile de Joachim Gasquet, qui posa pour l’un des plus célèbres tableaux du peintre, puis devant la maison de sa grand-mère, pour se rendre à l’école catholique Saint-Joseph, où Cézanne fut élève. Au 23 rue Boulegon se trouve le dernier appartement de Cézanne, tout proche de l’école communale où il étudia de 1844 à 1850. La cathédrale Saint-Sauveur a accueilli ses obsèques et l’église Saint-Jean-Baptiste du Faubourg, son mariage.

A l’ouest d’Aix-en-Provence se cache une jolie maison provençale, entourée d’un jardin verdoyant, construite au milieu du XVIIIème siècle : la Bastide du Jas de Bouffan. En 1859, le père de Paul Cézanne l’acquiert et y emménage avec sa famille. Le jeune artiste peindra douze grandes compositions directement sur les murs, qui seront détachées par la suite. Son père lui aménagea même un petit atelier sous les toits, mais le peintre préfère souvent peindre dans le parc.

En 1899, deux ans après la mort de leur mère, Paul Cézanne et ses sœurs vendent la maison et, en 1994, le dernier propriétaire la lègue à la ville. La maison de maître et le parc sont classés Monuments Historiques en 2001. La Bastide du Jas de Bouffan est habituellement ouverte aux visites mais est actuellement fermée pour rénovation. Réouverture prévue en 2025…

Les Carrières de Bibémus servirent à construire de nombreux bâtiments à Aix-en-Provence, elles étaient déjà quasiment à l’abandon quand Cézanne les découvrit. Ce paysage où minéral et végétal se mêlent harmonieusement, offrant une vue imprenable sur la montagne Sainte-Victoire plut beaucoup au peintre qui y peindra 16 aquarelles et 11 huiles. Il y loua même un cabanon pour entreposer ses toiles ou pour dormir, si besoin.

Les formes géométriques des roches aux teintes orangées se retrouvent dans les œuvres du peintre, annonçant ainsi le début du cubisme qui connaîtra un succès mondial. Aujourd’hui, le plateau rocheux se découvre au cours d’une visite guidée ponctuée de reproductions des peintures de Paul Cézanne qui permet de comparer le motif original de l’artiste aux richesses de ce site exceptionnel.

La vision de Cézanne préparant ses toiles à l'aube, dans son atelier, avant de sortir peindre, vient souvent à l’esprit des nombreuses personnes qui visitent son atelier de nos jours. En effet, ce lieu emprunt de la présence du peintre a été fermé après sa mort et est depuis resté intact. Cet atelier des Louves, situé sur la colline du même nom, a été construit selon des plans dessinés par Cézanne. Lieu de travail du peintre de 1902 à 1904, c'était aussi un abri, un lieu de recueillement.

La conservation de l’endroit, resté inchangé depuis la mort du peintre, en font non pas un musée d'œuvres mais un musée d'objets personnels. Au total, Paul Cézanne aura créé une dizaine de peintures dans cet espace, dont les dernières « Grandes Baigneuses ».

Ses sujets de natures mortes étaient des objets du quotidien, que l'on peut voir en visitant l'atelier : une table, une commode, un escabeau, un grand chevalet, un divan et quelques chaises… Çà et là, un poêle à long tuyau, des faïences locales, un pot à gingembre et un autre à olives. On y découvre aussi un compotier, trois crânes, un petit “amour” en plâtre attribué à François Duquesnoy ainsi que des estampes et des copies, réalisées par Cézanne, de grands maîtres au musée du Louvre tels que Signorelli, Delacroix, Courbet et Rubens.

A quelques minutes à pied de l’atelier de Cézanne, sur les hauteurs d’Aix-en-Provence, le belvédère du terrain des Peintres offre une vue sans pareil sur la Sainte-Victoire. Sans surprise, c’est un lieu qui plut beaucoup à l’artiste qui venait souvent y peindre pendant la dernière partie de sa vie.

Un sentier a aujourd’hui été aménagé pour rejoindre cette esplanade où ont été installées neuf reproductions parmi les quelque quatre-vingt “Sainte-Victoire” qu’a peint Cézanne au cours de sa vie. On déambule alors à travers un véritable musée en plein air, sur les pas d’un des plus grands peintres de la région.