Des vacances au Maroc en ne croisant aucun touriste, c'est possible ? Oui, on en a fait l'expérience !

Les déserts intriguent tout autant qu'ils fascinent. Ils nourrissent les rêves d'évasion de nombreux aventuriers du dimanche. Comme beaucoup, ces immensités naturelles, vierges de toute trace humaine, nous ont toujours attirés. On s'est souvent imaginés gravir les dunes flamboyantes du Sahara, se reposer au bord d'une oasis ou admirer les étoiles loin de toute pollution lumineuse. Alors, on a décidé de se lancer et nous sommes partis passer plusieurs jours dans le plus grand désert du monde. Mais cette expérience, d'apparence anodine, a eu plus d'effets sur nous que nous aurions pu l'imaginer.

La génèse du projet

Tout commence lors d'un séjour en Jordanie au cours duquel nous avons passé une nuit en camp bédoin après avoir exploré le désert en 4x4. Le matin, on se réveille, encore ensommeillés, et jetons un coup d'œil à notre téléphone : il est cinq heures. On hésite, il fait si bon sous les couvertures... mais la curiosité l'emporte et on se risque hors de la tente. Ce fut la meilleure décision de notre vie.

Devant nous s'étend l'immensité rouge du Wadi Rum baignée dans la lumière de l'aube et parsemée d'impressionnantes formations rocheuses. On n'entend d'autre bruit que nos pas sur le sable et le vent léger qui nous caresse le visage. On profite un moment de ce paysage presque irréel puis on retourne se coucher. Mais nous n'avons pas refermé la porte de la tente, espérant que la brise nous souffle des rêves aussi doux que le spectacle auquel nous venions d'assister. Cette expérience nous a profondément marqués, on ne pouvait pas s'arrêter là, il nous en fallait plus.

Immersion saharienne

Deux mois plus tard, nous voilà déjà dans un avion direction Ouarzazate, au Maroc. Après une rapide visite de la ville, on file à Zagora, point de départ de notre nouvelle folie : un trek de plusieurs jours dans le Sahara. Pour cette aventure, nous serons accompagnés par deux guides, Lahcen et Mbar, ainsi qu'une caravane de six dromadaires. Ces derniers transporteront tout ce dont nous aurons besoin dans l'environnement hostile du désert.

Après une nuit au Riad Lamane - que nous ne pouvons que recommander - c'est le moment du grand départ : on part pour 4 jours de marche à travers le désert. Au fil des pas, le sol rocailleux de la vallée du Drâa laisse petit à petit place aux dunes sableuses, qui sont de plus en plus grandes à mesure que l'on s'enfonce dans les entrailles du Sahara. Lorsque le soleil atteint son zénith, la chaleur ne nous permet plus d'avancer, les guides montent alors une tente traditionnelle sous laquelle ils nous concoctent un super déjeuner à base de légumes frais.

Quand les températures redeviennent supportables, on repart. Sur la route, on croise une oasis, un puits et même un petit village bédouin. Le reste du temps, on ne voit que du sable brûlé par un soleil de plomb à perte de vue. Le soir venu, la tente est remontée tandis que les dromadaires sont laissés en liberté. On dîne et discute autour du feu, l'ambiance est bon enfant. Mais la fatigue de la journée ne tarde pas à se faire ressentir et après une rapide toilette, c'est l'heure d'aller dormir.

Une expérience hors du temps

Dans le désert, les journées se suivent et se ressemblent. On marche. Rien ne vient perturber le calme des lieux et le pas impassible des dromadaires. Il fait chaud, et on marche. Le paysage est lunaire, le ciel d'un bleu intense contraste avec le jaune pâle du sable dans un magnifique tableau. De temps en temps, on aperçoit un lézard courir entre les dunes. À part ça, on marche.

Pas après pas, jour après jour, un sentiment profond de plénitude nous emplit. Comment penser aux problèmes du quotidien quand notre seule préoccupation est de mettre un pas devant l'autre ? On a presque l'impression d'être de retour à un état primaire, dans lequel on ne pense qu'aux besoins simples : boire, manger et continuer d'avancer. Et alors, ce fut comme un déclic : parfois, dans la vie, certaines dunes nous semblent insurmontables mais avec assez de résilience, on peut tous traverser des déserts.