Franc succès de la télé des années 70, Quentin Durward est l’adaptation française du fameux roman de Walter Scott, le créateur du roman historique. Tourné principalement dans la Cité médiévale de Carcassonne, pour ce qui est des extérieurs, ce feuilleton nous raconte les mésaventures de l’Ecossais Quentin Durward, débarqué en France pour y défendre la veuve et l’orphelin, et pour accessoirement servir le roi de France, Louis XI, affairé à déjouer les manigances de Charles Le Téméraire.
On l’a vu, Carcassonne se prête à une approche ludique. A ce jeu, les cinéphiles, amateurs de films en armures, ou de cape et d’épée, se feront plaisir en revivant dans leur tête des scènes d’actions vues dans des films tournés ici.
On recense une vingtaine de films tournés, en tout ou partie, dans la citadelle de Carcassonne, dont une petite moitié voit leur action se dérouler au Moyen-Age, sans rapport toutefois avec la cité audoise. On peut ainsi citer en 1991 le remarqué “ Robin des Bois, prince des Voleurs “ avec Kevin Costner dans le rôle de Robin Hood, excusez du peu !, succès planétaire qui a marqué la carrière de l’acteur dont c’était l’un des derniers blockbusters. L’autre moitié des films, elle, n’a rien à voir avec le Moyen- ge et leur action semble se situer dans la cité médiévale par pur intérêt esthétique, une louable intention. Ainsi en va-t-il par exemple du film “ Le Corniaud “, avec Bourvil et Louis de Funès, l’un des films préférés des Français, dont deux trois scènes mémorables se déroulent ici (scènes de l’église, place de l’église et de l’Hôtel de la Cité).
Plan-séquence sur les remparts
Si beaucoup de scènes sont tournées en studio dans des décors de carton-pâte (ça se voit !), les extérieurs eux sont souvent tournés à Carcassonne qui offre un décor authentique aux dimensions hors-normes.
Hôtel de la Cité & Spa MGallery
Une adresse de choix dans la cité médiévale même de CarcassonnePlus proche de nous et plus présent dans nos souvenirs grâce à un Christian Clavier en Jacquouille simplet mais cocasse, le film “ Les Visiteurs “ de Jean-Marie Poiré s’est également en partie tourné à Carcassonne.
Sorti en 1993, les 14 millions de spectateurs qui l’ont vu au cinéma, plus tous ceux qui l’ont découvert en prime time à la télévision, peuvent se vanter de connaître la cité médiévale au moins en images.
Ils en auront vu les portes d’Aude et narbonnaise, le château comtal au niveau du pont levis, les remparts et les lices, ces espaces de plusieurs mètres qui séparent les murailles concentriques entourant la ville ceinte où Jean Réno déambule à cheval et en armure.
Dans un autre registre qui n’a rien de comique, Marc Allegret, réalisateur important de l’entre-deux guerres, a choisi Carcassonne en 1933, comme décor à son adaptation de “ Sans famille “, le roman déchirant d’Hector Malot (dont l'action ne se situe pas du tout ici !).
Là encore, de nombreux plans sont tournés en studio, mais des extérieurs font la part belle à Carcassonne, sa cité médiévale et sa campagne alentour.
De son côté, le prolifique réalisateur égyptien Youssef Chahine a choisi la forteresse audoise pour certaines scènes historiques de son film “ Le Destin “ narrant la vie d’Averroès. Le célèbre philosophe et médecin moyenâgeux qui influença les penseurs médiévaux européens, vécut à Séville et à Cordoue, loin de la cité audoise. Du coup, Carcassonne prend ici une dimension universelle.
Deux personnages anglais : Robin des Bois et Henry II
Henry II fut roi d’Angleterre au XIIème s, Robin des Bois est un personnage de fiction. Mais ils sont tous deux Anglais. “ Le Lion en Hiver “ conte, sur fond d’intrigues politiques romancées, les retrouvailles d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henry II, à l'occasion des festivités de Noël de l’an 1183. Le film est bavard (il est adapté d’une pièce de théâtre), mais les plans en extérieur montrent à chaque fois que possible les nombreux remparts et tours de Carcassonne. Preuve que les superstars américaines qu’étaient Peter O'Toole, loin de son rôle de Lawrence d’Arabie, Anthony Hopkins, loin de son rôle d'Hannibal Lecter, ont bien foulé un jour le sol de notre cité cathare.
De son côté, le très britannique Robin Hood, qui n’a jamais mis les pieds en France, dans aucune version, a donné lieu à de nombreuses adaptations hollywoodiennes dont seule celle avec Kevin Costner, “ Robin des Bois, Prince des Voleurs “ a eu le bon goût de nous emprunter notre décor purement françois.
Ces scènes censées se dérouler sur le sol anglais sont celles filmées devant la barbacane du château comtal et celle de la porte narbonnaise. Mais qui aura décelé la tricherie lors de la sortie du film, hormis quelques Carcassonnais particulièrement attentifs ?
Dans un cas comme dans l’autre, aucune action ne se déroule à Carcassonne, que les cinéastes ont juste utilisé en décor, pour sa formidable architecture médiévale.
Ainsi en va-t-il également par exemple du bondissant “ D’Artagnan “ de Peter Hyams, en 2001, qui fera de Catherine Deneuve une reine de France le temps d’un film.
Carcassonne, décor du cinéma fantastique
Si vous passez par la Maison Hantée, vous le comprendrez, la Cité médiévale de Carcassonne peut provoquer chez certains un sentiment qui se prête au jeu de la mise en scène horrifique. Des réalisateurs de films fantastiques ont été inspirés de l'intégrer dans leur œuvre.
C’est dans cet esprit qu’en 1985, le réalisateur anglais Franc Roddam décide de tourner à Carcassonne la scène des forains de son film “ La Promise “, remake de La Fiancée de Frankenstein de 1935. Cet énième film sur le thème de l’apprenti-sorcier, sorte de spin-off du fameux roman de Mary Shelley rencontra un bon accueil, grâce à Sting, superbe et romantique, en vedette dans le rôle du Dr Frankenstein.
L’occasion pour Roddam de retrouver le leader de Police qu’il avait dirigé dans “ Quadrophénia ”. Ce film semble un peu tombé dans les oubliettes, mais il offre un spectacle daté, axé sur la personnalité électrique du chanteur, sur une musique du doublement oscarisé Maurice Jarre.
« La Fiancée des Ténèbres » de Serge de Poligny tient dans notre liste une place à part car, pour le coup, son action, elle, se déroule bien dans la cité audoise. Tout comme le Rémi de Sans Famille en quête d’une famille qui l’a abandonné, Sylvie se cherche un foyer car orpheline. Elle est recueillie par Toulzac, un instituteur à la retraite obnubilé par le secret des Cathares.
Le décor qu’offre la cité médiévale de Carcassonne, ses remparts pharaoniques, ses tours, églises et basiliques ne pouvaient pas mieux se prêter à un tel théâtre.
Bientôt sa rencontre avec le compositeur Roland Samblanca sur les remparts de la ville marque un tournant de son destin. Malheureusement une cathédrale souterraine purement imaginaire va s'écrouler sur les deux amoureux, dans la plus pure tradition romantique du XIXème. Sylvie pourra-t-elle mener à bien sa recherche du sanctuaire des Albigeois et enfin trouver l’amour ?
Et aussi des films de capes et d'épées
En 2008, le cinéma néerlandais utilisera à bon escient le formidable décor qu'offre la citadelle pour y tourner “ La lettre pour le roi “ de Pieter Verhoeff, rebaptisé “ Les Chevaliers du Roi “. Un conte initiatique autour d’un apprenti chevalier qui va d’aventures en mésaventures.
Le cinéaste néerlandais plante son décor chez nous, il n’y a pas d’équivalence en Hollande. Vous y reconnaîtrez par exemple l'imposante porte Narbonnaise de l’emblématique enceinte.
Un autre film fut entièrement tourné à Carcassonne, par l’immense Jean Renoir cette fois, mais il y a de cela près d’un siècle et ce film est muet. Il s’agit de “ Le Tournoi dans la Cité “. L’action y est ouvertement située dans la cité audoise et le tournage réalisé en juillet 1928 jouit du déroulement bien réel des fêtes du bi-millénaire de Carcassonne qui avaient lieu cette année-là. Ainsi faut-il semble-t-il retourner loin dans le passé pour y trouver de l'authenticité.
Au terme de ce panorama des films tournés, souvent très partiellement, dans la cité cathare, on imagine volontiers par exemple un film sur la persécution romanesque des Cathares, mettant franchement en vedette Carcassonne à la mesure de sa démesure, de ce qu’elle nous inspire et des images grandioses qu’elle est capable de permettre.