Alors bien-sûr, l'enfant qui voit ces dragons pour la première fois ne peut s'empêcher de faire le lien avec les univers fantasmagoriques de ses lectures et de ses rêveries. Est-on dans l'illustration d'une aventure de l'heptalogie d'Harry Potter ? Dans l'univers de Norbert Dragonneau, imaginé lui aussi par J.K. Rowling, la mère du sorcier en herbe ? Ou dans celui de Walter Scott, l'inventeur du roman historique, ou d'Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes ? Ce sont à ces références qu'on pense d'abord, quand on est un enfant. Ou bien un touriste, qui ne connait pas bien l'Angleterre. Car en réalité, la vérité est tout autre.
Depuis toujours, les dragons habitent Londres. Comme ils se font discrets, leur présence n’est ni envahissante, ni forcément visibles à ceux qui n’ont pas envie de les voir, mais pourtant ils sont bien là, comme les gardiens du temple. Figés dans le temps, indéboulonnables, se moquant des intempéries. Alors forcément, leur présence intrigue, principalement les enfants et les touristes. Car le Britannique adulte, lui, sait parfaitement de quoi il retourne. Il y a du dragon en lui.
Les dragons dont on vous parle ici sont fiers et grands, de la taille d’un homme. Ils sont au nombre de 10 et sont postés à des endroits stratégiques autour de la City sur laquelle ils veillent. Car la City est le cœur historique de la ville, le Londinium de jadis. Et ces dragons sont leurs sentinelles.
Le lien entre les Britanniques et leurs dragons.
Le dragon est lié à l'histoire du pays, et donc à son imaginaire. C'est ainsi qu'il est le symbole principal des armoiries de la ville de Londres, de même que le lion est celui de la couronne royale. Ceci date du Moyen-Age, alors que le dragon, créature imaginaire mais néanmoins effrayante, incarnait la bravoure et la puissance qu'on voulait conférer aux chevaliers du Roi, qui en usaient jusque dans leurs propres blasons, voire s'en faisaient souder, sous forme de figurines, sur leurs casques. Quand quelque chose fait peur, autant s'en servir plutôt que de le subir.
Au VIème siècle, la légende du Roi Arthur telle qu'elle nous fut contée par Geoffroy de Monmouth dans son « Histoire des rois de Bretagne » (la Bretagne désignant alors le sud de l'Angleterre) fait de lui carrément un descendant des dragons, rien de moins ! Elle lui donne un nom : Arthur Pendragon afin qu'il n'y ait pas de doute sur son ascendance !
Les dragons de Londres
Le blason du Roi Arthur était orné d'un dragon volant et les dix dragons de la City portent cet héritage. Le plus connu, parce qu'il est juché sur un très haut piédestal qui le fait dominer, conquérant, la foule des badauds, se trouve sur le Temple Bar (ne pas confondre avec le fameux bar de Dublin !).
Cette colonne carrée porte en outre sur chacun de ses flancs une statue de la reine Victoria et une autre représentant son fils, Edouard VII. Ce dragon, qui arbore sous ses pieds le blason de la City, est nommé improprement " griffon " par les Londoniens (le griffon a une tête de rapace), peut-être pour le distinguer des deux dragons de Victoria Embankment des bords de la Tamise.
On l'a vu, les dragons sont les gardiens de la City. Ils sont donc fichés à ses entrées historiques : Blackfriars Bridge Gate, Moorgate, Aldersgate, Bishopsgate et Temple Bar. Les deux dragons plantés sur Victoria Embankment son éclatants. De couleur argentée, ils tiennent un pavois couleur crème claire orné d'une grande croix rouge ainsi qu'un poignard tout aussi écarlate, les armoiries de la City.
Ces dragons marquent les portes ouest de la ville. Ils sont en place depuis le 16 octobre 1963 comme en atteste la plaque commémorative clouée sur leur piédestal.
Un symbole qui traverse les âges
Le symbole du dragon est la seule icône forte portant sur une créature imaginaire. C'est dire son empreinte dans la culture anglo-saxonne et sa longévité, passée et à venir. On la retrouve encore plus prégnante de l'autre côté de la planète, en Chine. Cette ubiquité pourrait venir de croyances ancestrales nées avec la découverte de fossiles de dinosaure. Devant ces dépouilles, la population aurait alors craint que des spécimens vivants de cet animal puissent s'en prendre à eux. Le mythe du dragon était né.
Aujourd'hui, les médias et même les scientifiques donnent volontiers le nom de " dragon " à des créatures ayant vécu il y a des millions d'années. Récemment, des archéologues ont mis au jour dans les Midlands un fossile d'ichtyosaure qui terrorisait la faune sous-marine il y a 180 millions d'années. Découvert dans un lac dans le centre de l'Angleterre, on le nomme "dragon des mers".
La figure du dragon a donc de quoi faire pour se régénérer dans l'inconscient collectif britannique. Celui-ci mesure dix mètres de long et son crâne pèse une tonne.
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📍 Localisation : les dragons de la City se trouvent à Victoria Embankment, Temple Bar, Holborn, Farringdon, Moorgate, Aldersgate, Bishopsgate, Blackfriars Bridge Gate.
Ils sont pointés sur cette carte :