Issus de la tradition mauresque qui couvrait de blanc les habitations, ces villages pour ainsi dire perchés, mais pas inaccessibles, se trouvent au sud de Séville, à l'est de Jerez de la Frontera. Ils se nomment Arcos de la Frontera, Zahara de la Sierra, Ronda, Setenil de las bodegas et Gaucín, ou encore Vejer de la Frontera, Casares et Mijas. Aurez-vous le temps de les visiter tous ?
En Andalousie, les villages sont blancs ("los pueblos blancos") et une route des plus remarquables leur est consacrée. Car ils sont aussi souvent parfaitement pittoresques, comme Arcos de la Frontera ou Ronda, délicieusement perchés sur les hauteurs. On vous emmène découvrir les immanquables.
Majestueux, Arcos de la Frontera
Perché sur un éminent rocher entre Jerez de la Frontera et El Bosque, dans la province ce Cadix, Arcos de la Frontera reste imperturbable devant le temps qui passe. Le village, impressionnant, flanqué sur la colline de Peña Vieja, fait office de porte d'entrée de la route des villages blancs. C'est donc sûrement le premier que vous ferez. Le village qui descend jusqu'à la rivière Le Guadalete recèle un patrimoine arabe important hérité de temps anciens, à commencer par son ancienne forteresse musulmane, mais aussi d'impressionnantes demeures seigneuriales.
Au sommet du rocher, et donc du village, la Plaza del Cabildo donne sur le fort devenu palais ducal (aujourd'hui propriété privée), ainsi que sur une institution local : le "Parador", établissement faisant partie des "Paradores de Turismo de España" (hôtel appartenant à l'état espagnol), logé dans l'ancienne maison du Corrégidor. De là, la vue est imprenable, tout comme depuis de nombreux belvédères qui offrent une vue panoramique sur la vallée et sur les circonvolutions du Guadalete. Si vous êtes sur la terrasse du Parador, une boisson bien fraîche s'impose.
Vous ne manquerez pas non plus les églises et la basilique Santa María de la Asunción bâtie à la fin du Moyen-Age, qui mêle aujourd'hui les styles gothique (pour la façade), mudéjar, Renaissance et baroque. Arcos de la Frontera se devait d'être en bonne place dans cette présentation des villages d'Andalousie. Il est tout simplement considéré par beaucoup comme le plus beau village d'Espagne !
Parador de Arcos de la Frontera
Bel hôtel ancien dans le plus pur style andalous avec vue panoramique sur la Sierra de CádizPittoresque à souhait : Ronda
C'est sûrement le plus spectaculaire des villages blancs. S'il s'agit plus d'une ville que d'un village, Ronda se répand à plus de 700 mètres d'altitude jusqu'au bord d'El Tajo, un canyon impressionnant enjambé par un magistral pont de pierre, le Puente Nuevo. Cet ouvrage d'art fut érigé dès 1735, mais la complexité de la gageure architecturale se traduisit vite par un effondrement et 50 décès. Il fallut près de 60 ans pour le reconstruire solidement, utilisant l'ingénierie moderne en matière de génie civil. C'est aujourd'hui le symbole de la ville.
La ville vaut aussi surtout pour son patrimoine historique et notamment architectural. Les arènes anciennes, Plaza de Toros, très emblématiques car datant du 18e et utilisées pour la corrida, déplacent l'Espagne tout entière, notamment pour la célèbre Feria de Pedro Romero en septembre. Au plan architectural, l'empreinte mauresque s'exprime surtout dans les murailles, qui initialement datent des Romains. Sans oublier ses tours et portails médiévaux, parmi lesquels la Puerta del Almocábar. A ce sujet, on retiendra aussi l'existence du Vieux Pont, dit aussi "pont arabe", et les Baños Árabes, les bains Arabes.
Pour une découverte complète, il faut déambuler dans les autres quartiers historiques de la vieille ville, la Ciudad, où on se perdra dans l'entrelacs de ses ruelles pavées, de ses maisons toutes blanches, de ses petits palais mauresques et ses églises. Parmi elles, l'Église Santa María la Mayor, construite sur l'ancienne mosquée, est à voir. Et si vous cherchez la fraîcheur, direction le Palacio de Mondragón, un palais médiéval où se trouve le musée municipal. Profitez d'être là pour découvrir la formidable campagne environnante et ses vignobles, par exemple la Serranía de Ronda, et déguster le gaspacho andalou ou le "rabo de toro", la queue de taureau.
Setenil de las Bodegas, spectaculairement troglodyte
Dans ce palmarès, les places sont chères car tous les villages blancs sont attachants et intéressants. Partons donc maintenant pour Setenil de las Bodegas, trop souvent oublié par les touristes alors qu'il est si surprenant par son architecture totalement insolite. Mais une photo vaut mieux qu'un long discours.
Le village ne se contente pas d'être troglodyte, il a aussi la particularité de s'être logé sous un épais plafond rocheux, un peu à la manière de notre La Roque Saint-Christophe, dans le Périgord. Une manière sûre d'avoir toujours un toit sur la tête en espérant, comme les Gaulois de l'Antiquité, qu'il ne tombe pas ! Une astuce aussi pour échapper aux sempiternelles canicules.
On sera naturellement fasciné par la configuration du lieu et on prendra un certain plaisir à imaginer et comprendre comment la la vie de la cité s'est articulée ici au fil des siècles. Car il y a ici une ville haute et une ville en quelque sorte souterraine. En haut, la château mauresque médiéval n'offre plus aujourd'hui que ses ruines, plus un donjon et quelques tours en partie restaurées. Le château presque imprenable tint un indéniable rôle stratégique de défense. Pour preuve, la ville tire son nom du chiffre 7, car il fallut sept tentatives d'assaut pour prendre le château aux Arabes durant les guerres de la Reconquista.
Autres visites à ne pas manquer : le Aljibe arabe, la citerne moyenâgeuse du château, située sous la tour Almohade, qui avait pour fonction la collecte des eaux de pluie, indispensable à une forteresse en état de siège. Et puis, comme dans les autres villages blancs, une balade dans les ruelles est un vrai dépaysement. Alors profitez d'être là pour déguster les spécialités locales, à commencer par le chorizo al vino, où le mariage du vin rouge et du paprika, et l'incontournable jamón serrano.
Zuheros, entre grottes et falaises
Au cœur du Parc Naturel de la Sierra Subbética, ce village est une perle andalouse. Adossé à la montagne, on y vient pour sa beauté et ses champs d'oliviers qui représentent à eux seuls tout le patrimoine agricole de la ville. Son château construit à la fin du Moyen-Age sur un rocher imposant est remarquable également. On mesure bien ce que ses remparts ont pu modifier dans la topologie du lieu, enfermant alors le bourg, son église et ses commerces.
Si assurément il ne faut pas manquer le belvédère de la gorge du fleuve Bailón (mirador del Cañón del Rio Bailón), les spéléologues en herbe viennent aussi ici pour l'impressionnante Grotte des Chauves-Souris (cueva de los Murciélagos), réseau de galeries aux grottes remarquables habitées depuis toujours par des colonies de chauves-souris.
Casares, Gaucin et Vejer de la Frontera
Ces trois villages sont construits sur le même modèle que le précédent. Un château et ses remparts sur un éperon rocheux, des possessions seigneuriales et une campagne très agricole alentours. Pour Vejer de la Frontera, le château se nomme Castillo de Vejer, et pour Gaucin, le château del Aguila. Il fut construit par les Romains, puis remanié par les Maures, et est donc très ancien. A Casares, il s'agit d'un château médiéval maure qui est en ruines. Son point de vue est remarquable.
A Casares, vous visiterez les bains romains antiques, les Baños de la Hedionda. A Gaucín, son musée ethnographique consacré à la vie rurale et à Vejer de la Frontera, la Casa Palacio del Marqués de Tamarón, la Iglesia Parroquial del Divino Salvador et le sanctuaire de Nuestra Señora de la Oliva. Sur les trois sites, vous pourrez vous adonner à des randonnées dans des paysages grandioses. Et aussi participer aux fêtes locales, comme la Feria de Agosto à Gaucín, ou le Toro Embolao, fameuse course de taureaux qui a lieu durant la Semaine Sainte.