C’est une décision que la France et les îles Marquises auront attendu longtemps, mais qui tombe enfin : l’archipel de Te Henua Enata est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et rejoint la longue liste des sites classés ! Sur les 1157 vestiges culturels et paysages naturels inscrits sur cette liste, 53 sont français, offrant à la France la 4e place du classement des pays les plus présents sur ce catalogue.
Voilà 28 ans que l’on attendait la nouvelle : la candidature pour l’ajout à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour les îles Marquises est posée en 1996. Une décision prise par le comité à l’issue de la 46e édition, qui avait lieu du 26 au 31 juillet 2024.
Te Henua Enata, la Terre des Hommes
Petit archipel de l’océan Pacifique Sud, les îles Marquises sont sans doute plus proches du point Némo (le point de l’océan le plus éloigné de toute terre émergée) que de l’Amérique du Sud et de l’Australie. L'UNESCO décrit l'archipel comme « un témoignage exceptionnel de l'occupation territoriale de l'archipel des Marquises par une civilisation humaine arrivée par la mer autour de l'an 1000 de notre ère, et qui s'est développée sur ces îles isolées entre le 10e et le 19e siècle ». Alors que les premiers hommes s’installent sur les îles, l’Europe et l’Orient assistent à l’essor de l’art roman et un premier Viking, Leif Erikson, fonde une colonie en Terre-Neuve.
L’île n’est découverte par les Européens qu’en 1595 avec l’expédition espagnole menée par Alvaro de Mendana. S’il nomme 4 des 5 îles, il ne s’y arrête pas. Elles sont redécouvertes en 1774 par l’explorateur britannique James Cook. Le Français Étienne Marchand revendique les îles en août 1791 et établit les premières cartes fiables de l’archipel. Les îles ne passent sous le giron français qu’en 1842, puis sont transformées en lieux de déportation des criminels avant d’être incorporées aux territoires d’outre-mer en 1958.
L’histoire de l’archipel en fait un lieu de culture ; on y retrouve d’ailleurs de nombreux pétroglyphes (dessins symboliques gravés sur une surface rocheuse naturelle) et vestiges d’habitats troglodytiques. L’UNESCO évoque aussi des « structures monumentales en pierre sèche ». Faisant partie des rares sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sur la base de ses sites culturels autant que naturels, les îles Marquises brillent par leur beauté sauvage.
Marquise naturelle du Pacifique
Pour l’UNESCO, l’archipel est « un point chaud de la biodiversité qui combine des écosystèmes marins et terrestres irremplaçables et exceptionnellement bien conservés ». Falaises abruptes, crêtes acérées, montagnes rocheuses, pics spectaculaires et forêts denses, les îles nous transportent tour à tour en Islande, en Amazonie, à Lanzarote ou le long des falaises de Moher (le tout sans faire le tour du monde).
Mais l’archipel est surtout « un important centre d’endémisme, abritant une flore rare et variée, une diversité d’espèces marines emblématiques et l’un des ensembles d’oiseaux marins les plus diversifiés du Pacifique Sud », précise l’UNESCO dans son communiqué. « Pratiquement exemptes d’exploitation humaine, les eaux marquisiennes comptent parmi les dernières zones marines sauvages du monde. »
Cette décision de l’UNESCO d’ajouter les îles à la liste et de faire d’en faire le 53e site français inscrit au patrimoine mondial fait la fierté des Marquisiens, des Polynésiens et des Français. Le Gouvernement, après une candidature de 28 ans, se félicite de cette victoire.