Plongée dans l'ambiance unique de la mosquée Ethem Bey à Tirana

La mosquée Ethem Bey est bien plus qu'un simple édifice religieux ; elle est un témoignage vibrant des anciennes richesses culturelles de Tirana. Construite à partir de 1793 sous la direction de Molla Bey, et achevée en 1821 par son fils, Haxhi Et'hem Bey, la mosquée est profondément ancrée dans l'histoire de l'Albanie. En tant que monument classé de première catégorie, elle joue un rôle central dans le patrimoine architectural de la capitale.

Située aux côtés de la tour de l'horloge, la mosquée incarne l'influence florissante de l'empire ottoman de l'époque, tout en reflétant les aspirations artistiques locales grâce à ses diverses fresques et motifs. Chaque pierre est un rappel de l'époque ottomane, une période durant laquelle les structures impériales se mêlaient à l'identité naissante d'une périphérie albanaise en devenir.

La récente restauration, supervisée par l'Agence turque de coopération et de coordination (TIKA), a permis de redonner au lieu sa splendeur d'antan. L'ouverture officielle après la restauration a été un événement marquant, célébré par les habitants du pays entier, en grande partie par ceux de Tirana, rebaptisant ainsi la mosquée comme l'un des centres spirituels et architecturaux de la capitale.

La mosquée Ethem Bey se distingue par une conception architecturale qui harmonise des influences ottomanes avec des éléments artistiques locaux. Inspirée par la grande mosquée Süleymaniye d'Istanbul, l'édifice se compose d'un dôme central imposant, dépourvu de fenêtres, et d'un minaret cylindrique en pierre qui semble percer le ciel. Ces formes architecturales apportent une sensation de grandeur et de majesté, tout en rendant hommage aux racines ottomanes.

Le portique entourant la salle de prière principale est soutenu par des colonnes robustes, formant une impression de stabilité et d'éternité. La symbiose créée entre ces structures relatives à l'empire et les motifs locaux intégrés dans les détails intérieurs, participe à forger une identité culturelle unique pour la mosquée.

Ce mariage entre les influences impériales et les touches créatives locales est particulièrement visible dans la décoration intérieure. Les murs intérieurs ornés de fresques riches en couleurs sont des exemples éclatants de cette dualité. Les motifs baroques fusionnés avec ceux d'origine locale conduisent à un décor intérieur qui est à la fois vivant et introspectif, transportant les visiteurs dans une autre époque.

L'intérieur de la mosquée Ethem Bey est décoré de fresques qui constituent un chef-d'œuvre artistique rare dans le monde musulman. Illustrant des paysages imaginaires plutôt que des figures humaines ou animales, ces œuvres défient les interdictions traditionnelles de la représentation iconographique. Ces fresques représentent des rivières azur, des ponts en pierre et des arbres luxuriants qui abritent de minuscules structures, évoquant des maisons de bains.

Ces scènes envahissent les murs supérieurs sur une superficie d'environ 300 mètres carrés. Elles s'inspirent des traditions miniatures perses, connues pour se concentrer sur les paysages et les éléments environnementaux plutôt que sur des représentations figurées. Ce style particulier a survécu à de nombreuses purges de décorations figuratives, permettant d'apprécier aujourd'hui cette illustration unique en Albanie.

Ces fresques sont aussi le reflet de l'histoire de Tirana en tant que carrefour le long des anciennes routes commerciales de la soie. En effet, des échanges artistiques entre l'Est et l'Ouest ont diffusé ces techniques picturales. Malgré les tremblements de terre et les régimes dictatoriaux, ces paroles visuelles persistantes continuent de susciter des questions sur l'identité albanaise, située au carrefour de la société européenne et de l'administration islamique.

Aujourd'hui, la mosquée résonne des appels à la prière, symbole d'une nation qui a surmonté les obstacles et réembrasse ses racines islamiques. Cette résilience face aux politiques antireligieuses du XXe siècle illustre le désir d'un pays de préserver son patrimoine culturel tout en évoluant vers une société moderne et ouverte.