La Piazza dei Cavalieri, une plongée dans le cœur historique de Pise

La Piazza dei Cavalieri, littéralement place des Chevaliers, trouve ses racines au cœur de l'histoire médiévale de Pise. À l'origine lieu de rassemblement politique, elle était une plateforme de pouvoir jusqu'à ce que Cosme Ier de Médicis, premier Grand duc de Toscane, décide au 16e siècle de transformer cet espace pour accueillir l'ordre des chevaliers de Saint-Étienne.

Cet ordre a été créé pour contrer les pirates musulmans qui menaçaient les côtes méditerranéennes. En confiant à Giorgio Vasari la tâche de reconfigurer la place, Cosme Ier visait non seulement à renforcer sa suprématie, mais aussi à construire un symbole de puissance florentine dans la ville indépendamment de son héritage communautaire. Vasari intégra les bâtiments médiévaux existants dans un agencement harmonieux, réutilisant les tours et façades déjà en place pour créer une esthétique unique.

La place tire également son nom de l'époque où elle était la scène de la vie politique, sociale et économique de la communauté pisane. C'est là qu'étaient établis plusieurs édifices symboliques des institutions, dont certaines sont encore visibles aujourd'hui.

En se promenant sur la Piazza dei Cavalieri, la première structure imposante que l'on découvre est le Palazzo della Carovana. Construit entre 1562 et 1564 par Vasari, ce bâtiment réunit les divers édifices de l'ancien Palazzo degli Anziani. Ce qui attire l'œil, c'est sa façade finement travaillée en sgraffito, technique qui révèle un jeu sophistiqué de motifs blancs sur fond gris, incluant des signes du zodiaque.

Non loin de là, l'église Santo Stefano dei Cavalieri se dresse avec son étonnant plafond à caissons et ses fresques extérieures. Fondée à la demande de Cosme Ier, elle était le siège spirituel de l'ordre des chevaliers de Saint-Étienne, ornée d'une croix de Malte, symbole de cet ordre.

Un autre point d'intérêt est le Palazzo dell'Orologio, qui réunit l'ancien Palazzotto del Capitano et la célèbre Torre della Fame. Cette dernière est tristement connue pour avoir servi de cellule à Ugolin della Gherardesca, un personnage figé dans l'histoire par Dante Alighieri. L'architecture monumentale, empreinte de tragédie historique, rappelle la variante tactique qu'a pris ce lieu central pour la ville.

La transformation de la Piazza dei Cavalieri ne se limite pas aux siècles passés. En effet, au 19e siècle, sous l'impulsion de Napoléon Iᵉʳ, elle se voit accueillir la Scuola Normale Superiore, une institution d'éducation de prestige qui fusionne parfaitement avec le cadre historique.

Aujourd'hui, en tant qu'une des universités les plus sélectives d'Italie, l'école apporte une richesse culturelle et intellectuelle à l’espace autrefois dominé par le prestige militaire et politique. Les étudiants, qui arpentent quotidiennement ses pavés, sont autant d’héritiers de cette vocation académique qui anime désormais la place.

Cette coexistence entre histoire et modernité est également soulignée par les nombreux événements culturels organisés sur place, où convergent intellectuels du monde entier, dans un cadre chargé d’histoire, rappelant à tous l'odyssée de Pise à travers les âges.

Au-delà des pierres et des façades, la Piazza dei Cavalieri est enveloppée de récits qui enrichissent son atmosphère. Les légendes abondent notamment autour de la Torre della Fame, mais aussi à propos des réunions secrètes qui s’y tenaient, quand toute la Toscane était en pleine effervescence.

Le comte Ugolin, emprisonné dans la tour, véritable sculpture de l'histoire humaine, est devenu l'une des figures les plus tragiques de la République médiévale de Pise. Dante, dans sa Divine Comédie, immortalise cette scène lugubre, conférant aux murs du palazzo dell’Orologio une dimension presque ésotérique.

L’autre anecdote qui attire l’attention est celle du lien architectural entre La Piazza dei Miracoli et La Piazza dei Cavalieri, qui incite les visiteurs à suivre un parcours harmonieux allant de la foi religieuse à la célébration du pouvoir temporel, tout en passant par l'éducation.