Le débat est lancé sur X, et aussi sur les chaines info, depuis que notre ministre de la Culture, Mme Rachida Dati, a déclaré au Figaro que «faire payer l'entrée de Notre-Dame sauverait toutes les églises de France». Si cette idée était finalement retenue et appliquée, la France rejoindrait le modèle italien qui monétise l'accès de ses grandes églises (exception faite de Rome et du Vatican). Et aussi les modèles anglais, irlandais ou espagnol. Fondamentalement, cette déclaration a le mérite de poser clairement la question du besoin en financement pour la préservation de notre patrimoine.
Pour la plus grande joie des touristes, Notre-Dame rouvrira ses portes en décembre prochain. Oui mais voilà, pour l'évènement, la donne risque de changer. On parle en haut-lieu de rendre son accès payant. Pour l'heure, le suspens reste entier.
Une question de solidarité... et de calcul
Cette réouverture est un évènement attendu par nombre d'entre nous, soulagés de voir revenir en pleine forme notre Vieille Dame invisibilisée pendant 5 ans pour se refaire une beauté. Depuis que sa date est arrêtée, le 8 décembre, on en sait plus sur ce phénix qui est parvenu à renaître de ses cendres. S'il est de notoriété publique que des milliardaires français ont aidé au financement des travaux, c'est en tout plus de 46 000 donateurs qui ont permis à notre cathédrale de retrouver sa superbe et rouvrir ses portes aux visiteurs.
Merci à eux tous et aussi notamment aux «Friends of Notre-Dame», et aux fondations qui ont récolté l'afflux de dons, comme la Fondation de France et la Fondation Notre-Dame. Ce qui pose franchement la question du financement de la sauvegarde de notre patrimoine religieux, comme le fait Rachida Dati. Il aura fallu plus de sept cents millions d'euros, issus principalement de capitaux privés, pour reconstruite Notre-Dame (alors que c'est l'État français qui en est propriétaire). Rendre son accès payant servirait à restaurer et préserver nos églises, toujours selon la ministre. Une intention louable qui risque de se révéler incontournable si on ne veut pas le voir mourir.
Une intention qui fait débat
Cette mesure n'est pas actée et a pourtant déjà ses détracteurs. Si on ne change pas une formule qui gagne, il semble que l'inverse ne soit pas forcément vrai. Alors, malgré ce besoin évident de sous sonnants et trébuchants, des voix s'élèvent pour contester cette idée. Pourquoi en effet rendre payant un lieu qui a toujours été gratuit. La question est presque philosophique.
Dans un souci de cohérence, sur X, le compte de Cathédrale Notre-Dame de Paris publie le communiqué suivant qui rappelle la volonté de l’Église catholique de la gratuité du droit d’entrée dans les églises et les cathédrales, en France. Car l'Eglise est engagée sur un accueil inconditionnel de ses lieux de culte, et donc non-payant.
Accès gratuit pour les fidèles se rendant aux messes et aux offices
On le conçoit aisément, il y a semble-t-il débat entre l'Etat français qui est propriétaire de Notre-Dame et le diocèse de Paris qui la gère. Si ce dernier rappelle dans son communiqué qu'à Notre-Dame, pèlerins et visiteurs n’ont jamais été distingués, la remise en question de ce principe par l'Etat, tout en en exonérant les fidèles, impliquerait qu'on puisse les distinguer des touristes. Faudrait-il qu'ils s'inscrivent avant en ligne et montrent un badge à l'entrée ? Car c'est ce qui est d'ores et déjà acté pour les touristes qui devront réserver leur visite en ligne avant leur venue, afin d'établir une jauge de fréquentation. Pour le moment, ce billet se conçoit gratuit.
Le saviez-vous ?
👉 La fameuse basilique-cathédrale de Saint-Denis a de son côté rendu son accès payant, probablement pour financer ses travaux suite aux dégradations survenues ces dernières années. Mais c'est un cas isolé. Est payante également la visite du trésor de Notre-Dame, qui a au sein de la cathédrale un statut muséal. Là aussi, il faudra réserver online jusqu'a 48 h avant sa venue.
L'entrée à Notre-Dame pourrait coûter 5 € pour les touristes et autres visiteurs. Les fonds récoltés se monteraient à 75 millions d'euros par an et serviraient à la préservation de nos églises. Un chiffre d'affaires correspondant à ses 15 millions de visiteurs attendus chaque année.