Si l’Islande attire par la beauté de ses paysages, nombre de touristes se cantonnent à visiter la capitale. Dans l’idée d’attirer les touristes hors de Reykjavik et d’augmenter le nombre de nuités passées dans le sud du pays, Visit South Iceland développe un nouveau circuit touristique le long de 8 volcans du pays. Ragnhildur Sveinbjarnardóttir, directrice exécutive du bureau de marketing du sud de l'Islande, déclare dans une interview accordée à Vísir :
Afin de booster le tourisme en Islande, et notamment dans le sud du pays, Visit South Iceland développe, en partenariat avec d’autres entreprises locales, une nouvelle route. Au programme : un passage par 8 des volcans majeurs de l’île.
"La particularité de ces régions réside dans leur activité volcanique, qui façonne généralement le paysage islandais. Bien que nous ayons observé que les touristes s'en soucient, il est important de noter que les Islandais cohabitent avec les volcans depuis des siècles, ce qui en fait un élément fondamental de notre culture et de notre histoire."
Libre d’accès, sans guide ou tour organisé, le parcours fait 700 km en aller simple, traverse 17 communes via des routes généralement pavées. Ouvert toute l’année, on y retrouve aussi des sources chaudes, des champs de lave, des plages de sable noir, des volcans sous-glaciaires, des îles volcaniques et des colonnes de basalte, entre autres choses. Attention toutefois, il est déconseillé d’escalader les volcans !
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Première étape de cette nouvelle route, le volcan Fagradalsfjall est plusieurs fois entré en éruption au cours des dernières années. Après 815 années de sommeil, il s'est réveillé une première fois en 2021. Il est classé comme volcan bouclier : bas, arrondi, il libère une lave fluide qui s’écoule sans projection. Situé dans la péninsule de Reykjanes, les alentours du volcan ne sont qu’amas de roche volcanique sombre, champs de lave, fumerolles actives et plaine désertique à peine recouverte d’une fine mousse entre le gris et le marron. Un paysage lunaire, en somme.
En chemin, les locaux conseillent de visiter le phare de Reykjanes, sur la pointe sud-ouest de la péninsule. À l’est, une autre région volcanique attend le passage des touristes : le Mont Krýsuvíkur, au nord duquel se trouve le lac Kleifarvatn, que longe une route. L’eau calme, lisse, fait de ce lac un véritable miroir d’où l’on peut admirer les montagnes et collines environnantes se refléter dans le bleu de l’eau. Vous trouverez plusieurs plages de sable noir sur les rives de ce dernier. Les montagnes autour offrent de magnifiques points de vue.
Autre objet de curiosité autour du Mont Fagradal : le pont entre les continents – une passerelle qui surplombe une faille entre les deux plaques tectoniques qui traversent l’île. Peu profonde, cette crevasse reste magnifique : de quoi faire de belles photographies ! L’on retrouve aussi Brimketill, une plage de roche volcanique, trouée d'une piscine naturelle. Enfin, il est possible de profiter des Sources chaudes de Gunnuhver. Rien de mieux qu’une séance de détente dans l’eau chaude après une journée active de voyage sur la Volcanic Way.
Hengill
La route continue ensuite vers le nord-est, à proximité de Reykjavik. Hengill est un plateau montagneux qui se caractérise par de nombreuses fumerolles et sources chaudes. Sur place, les touristes ne manqueront pas de remarquer la fumée et la légère odeur de soufre, que les locaux ne remarquent même plus. Encore actif, le volcan n’est pas entré en éruption depuis 2 000 ans environ : autant dire qu’aucun Homme n’a jamais assisté aux dernières !
La fumée est visible depuis les rives du lac Thingvallavatn, immense étendue bleue entourée de plaines verdoyantes, couvertes de mousse et de plantes grasses. Bien que l’île présente peu de zones boisées dans l’ensemble, une forêt s’épanouit entre le lac et la route 360, à l’ouest. Une végétation au sein de laquelle se cache une dizaine de petites maisons basses, résolument modernes, équipées de grandes baies vitrées.
Ce second jour du voyage propose son lot d’activités : randonnées dans la zone de Hengill, tour du lac ou visite du centre de Selfoss, petit village au sud du lac. Il est possible de traverser la vallée de Reykjadalur, immense étendue plate entre plusieurs régions vallonnées. Entre roches et mousse, elle prend une jolie teinte kaki l’été et se pare d’un manteau neigeux blanc dès l’approche de l’hiver. Enfin, cette journée se termine par une visite de Kerið Crater, le cratère du vaisseau. Immense trou dans le sol, comblé d’un petit lac en son centre, les scientifiques ont longtemps pensé que ce cratère devait son existence à une explosion – de météorite notamment. Il s’avère qu’une poche de lave située en dessous a provoqué l’effondrement du sol.
Hekla
Voici Hekla, la « reine des volcans » d’Islande. Culminant à 1491 mètres d’altitude, l’Hekla est entré de nombreuses fois en éruptions au cours des années passées : plus de 20 depuis l’an 1210 ! Du cottage de Rjúpnavellir aux rives du lac Alftavatn en passant par le sentier de randonnée du Laugavegur, le volcan s’observe de loin ! Surnommé « la porte de l’enfer » par les Scandinaves pendant le Moyen Âge, l’Hekla représente à lui seul 10 % du téphra islandais ; le téphra étant un matériau produit lors d’éruptions volcaniques.
Outre le Laugavegur, qui serpente entre montagnes, lacs, collines et rivières, les abords de l’Hekla présentent nombre d’activités accessibles depuis la Volcanic Way. On pense notamment aux grottes de Hella (en espérant que le nom ne soit pas en lien avec la déesse scandinave de la mort !) et à la ferme du Commonwealth. Les amateurs de cascades et rapides pourront admirer Fossabrekkur, Urriðafoss et Ægissíðufoss, sur conseil des locaux.
Ne restera plus qu’à visiter Hjálparfoss, au nord-ouest du volcan. Zone protégée depuis 2020, cette double cascade, absolument magnifique, est entourée de formations rocheuses en piliers. Enfin, il est possible de se rendre au Landmannalaugar, à l'extrême nord du Laugavegur.
Le camp de base, où vous pourrez dormir en tente, van aménagé ou camping, est construit autour de sources chaudes : deux rivières – l’une chaude, prenant des entrailles de la Terre, l’autre froide – se rejoignent : à vous de trouver l’équilibre entre l’eau des deux rivières en vous plaçant là où la température vous convient le mieux ! Enfin, vous pourrez finir par le champ de lave de Laugahraun et en longeant un regroupement de rivières qui se suivent, se rejoignent et s’éloignent les unes des autres aux portes du camp de base.
Eyjafjallajökull
Eyjafjallajökull, c’est tout autant un volcan, entré en éruption en 2010, qu’une calotte glaciaire. La plus petite d’Islande. L’éruption avait perturbé le trafic aérien pendant une semaine et provoqué des crues soudaines, en plus des projections de cendres qui ont enterré les fermes voisines pendant plusieurs mois. Bon engrais contre toute attente, les cendres ont contribué à l'essor de l'agriculture dans la région et au regain de vitalité de la végétation. Un autre volcan que l’on peut admirer depuis le sentier du Laugavegur.
Pour en apprendre davantage sur le fonctionnement des volcans et la lave, rendez-vous est donné au Centre de Lave et au Musée de Skógar. Du côté des lieux naturels à voir, l’éventail de choix est important : cascades de Gluggafoss et de Kvernufoss (la première est à deux étages, la seconde est cachée au fond d’un vallon étroit accessible par un petit chemin de randonnée) Cave de Rútshellir…
La visite des environs d’Eyjafjallajökull se termine par un passage obligé par Thórsmörk, une vallée glaciaire offrant une vue imprenable sur le sommet enneigé du volcan. On y retrouve de nombreuses formations rocheuses naturelles : Snorraríki, la grotte de Sóttarhellar, Álfakirkja (l'église des Elfes), la gorge de Stakkholtsgjá et l'arche de pierre de Stóra Enda. Passage obligé aussi par les cascades de Skógafoss et Seljalandsfoss, parmi les plus connues du pays.
Eldfell
La moitié du trajet est effectuée : le Mont Eldfell est en vue ! En 1973, en pleine nuit, les habitants des îles Westman se réveillent au cours d’une éruption volcanique et avec de la lave aux portes des maisons. C’est la première fois qu’une éruption fait irruption dans une ville d’Islande ! La quasi-totalité du village est évacuée : les habitants ne reviennent que plusieurs mois après. Les musées d’Eldheimar et de Sagnheimar permettent d’en savoir plus sur l’histoire mouvementée de l’île.
Pour y accéder, un court trajet en ferry est nécessaire. La ville de Vestmannaeyjarbær (un nom à coucher sous un glacier !) s’étend entre le mont Eldfell, Helgafell – un autre volcan – et des montagnes au nord. Ces dernières s’avancent vers la mer avant de faire un virage et de revenir vers l’est, créant ainsi un port naturellement protégé des éléments. Le volcan lèche les 200 mètres sans les dépasser. La ville est aussi un endroit de visites agréable : fort de Skansinn (en bois sombre), église de Landa ou de Stafkirkjan…
Côté nature, il est possible de profiter de Halldórsskora, le rocher à tête d’éléphant de l’ouest de l’île. À l’est, un sanctuaire est dédié aux Belugas. Après avoir fait le tour de l’aéroport de l’île, qui mange une partie du territoire, au sud, s’ouvre la péninsule de Stórhöfði qui propose un point de vue sublime sur l’île, avec l’Islande et ses glaciers – très visibles – en arrière plan. Le camping de Herjólfsdalur propose un excellent spot pour dormir en tente ou dans de petites cabanes en bois.
Katla
Immense, on le voit depuis les îles Westman. C’est aussi là que se déroule l’intrigue de la série du même nom, diffusée pour la première fois sur Netflix en juin 2021 : le réveil du volcan ramène à la vie des personnes supposées mortes, en accord avec la légende des « changelings ». Pas de créature mythique ici – ni même de zombies – mais un volcan recouvert d’un glacier immense, qui s’étale sur plusieurs kilomètres.
Le volcan et le glacier proposent une palette de couleurs assez complète : du blanc cassé de la glace au marron foncé de la terre, en passant par différentes teintes de bleu et de vert. Vu du ciel, le paysage a des allures de peintures abstraites, entre glace déchiquetée et roches brisées ! Par endroits, la terre prend des teintes rouges : c’est sans doute à cela que ressemblent les pôles de Mars !
À proximité du volcan, se visite la ville de Vik – la même que dans la série ! – connue pour son église blanche à toit rouge sur le front de mer. Non loin se trouve Hjörleifshöfði, une falaise de 200 mètres de haut. Plus précisément, il s’agit d’un tuya, un volcan plat aux parois abruptes. Il est aussi intéressant de visiter Sólheimajökull, là où le glacier volcanique se jette dans la mer, au sud. Enfin, on finit la visite des alentours de Katla avec un passage par l’arche de Dyrhólaey et par la formation rocheuse de Reynisfjara qui ressemble à la chaussée des géants de l’Irlande du Nord (il est ici recommandé de ne pas s’approcher de l’eau, la mer étant trompeuse).
Lakagígar
Autre lieu, autre paysage, autre peinture abstraite à la palette de couleurs formidable. Lakagígar est un vaste champ de lave créé par l'éruption d'Eldgjá en 934 et l'éruption du Laki en 1783-84. Avec le temps, une épaisse mousse d’un magnifique vert vif est venue recouvrir la lave solidifiée. C’est cette alternance de roche volcanique et de végétation grasse qui donne à Lakagígar ce côté pictural. De petits lacs et des poches de glace ajoutent des teintes bleues et blanches à l’ensemble.
Les locaux recommandent chaudement la visite d’Alftaversgígar, un phénomène naturel protégé d’importance géologique internationale. Il s’agit de cônes, sorte de pseudo-cratères, formés par la lave d’Eldgjá lorsqu’elle s’écoula sur des zones humides entre 934 et 940 après l’éruption. L’endroit est visuellement assez étonnant ! Ils conseillent aussi la visite de Landbrotshólar et de Systrastapi, deux formations rocheuses facilement accessibles.
Les amateurs de randonnées pourront poursuivre avec une petite balade autour de Dverghamrar, une formation géologique unique au monde. Dans le même style, on retrouve Orustuhóll (Battle Hill), le long de la route 1, un peu plus à l’est. La région propose aussi un sentier le long de Fjaðrárgljúfur, un canyon aux falaises abruptes et couvertes de mousse en plein milieu de la plaine. Le sentier de Skaftáreldahraun propose de randonner sur de la lave – refroidie, bien évidemment ! Cette coulée de lave s’est formée en 1783 : surnommée "feux de Skafta “, il s’agit encore aujourd’hui de l’une des plus grandes coulées de lave en une seule éruption !
Öræfajökull
Terminus, tout le monde descend ! Nous voilà arrivés au glacier de Vatnajökull, au pied du sommet de Öræfajökull, 8e et dernière étape de cette Volcanic Way du sud de l’Islande. Massif, le glacier domine les environs et l’horizon. Et pour cause : il s’agit du plus grand volcan actif d’Islande et du plus haut sommet avec ses 2 110 mètres.
Du glacier de Heinaberg au lagon de Fjallsárlón en passant par les régions agricoles de Hoffell et par la péninsule de Hvalnes, le choix des activités autour est large, mais toujours dominé par la masse imposante d’Öræfajökull. Le lac de Jökulsárlón est envahi d’icebergs, morceaux de glaces détachés du glacier venus effectuer quelques balades nautiques dans l’eau du lac. De l’autre côté de la route n°1, se trouve Breiðamerkursandur, une plage de sable noir recouverte de cristaux de glace de plus ou moins grande taille.
Pour randonner sur Öræfajökull, casque et crampons sont de mise. Par l’ouest, il existe au moins trois passages : deux d’entre eux entourent Skaftafell, casque qui s’écoule le long de structures rocheuses verticales. Le troisième passe sous le pic de Fabi et par le glacier de Svínafellsjökull. Enfin, le canyon de Mulagljufur permet un accès par l’Est.