Si généralement les musées représentent une foultitude d'artistes, certains sont consacrés à un seul, comme par exemple les musées Picasso de Paris, Van Gogh à Amsterdam ou encore le musée Matisse de Nice. C'est aussi le cas du musée H.R. Giger à Gruyères, un établissement qu'on n'attendait pas là, dans cette petite bourgade médiévale nichée dans les montagnes des Alpes suisses.
H.R Giger ne vous dit peut-être rien, et Gruyères vous parle plus. Si cette bourgade du canton de Fribourg, en Suisse, est mondialement connue pour son fromage à trous, elle abrite aussi le musée du très célèbre sculpteur helvétique qui a conçu la créature du film Alien. Il faut dire que son univers s'y prêtait. Découvrons ce lieu unique ensemble.
C'est là tout le génie de cet immense artiste qui rendit tangible, par son art, une des dimensions impensables de notre psyché. Alors si vous venez à Gruyères, ne faites évidemment pas l'impasse sur son impressionnant château médiéval, ses vallons verdoyants où paissent ses vaches à cloche et sa civilisation du fromage représentée par ses artisans-fromagers.
Mais bien-sûr, si vous êtes là pour H.R. Giger ou son Alien, prenez le temps qu'il faudra pour vous plonger dans son univers si singulier. Ici, dans une ruelle typique, se trouve un lieu surprenant, son musée assorti d'un bar qu'il a tous deux conçus. On peut à la fois y prendre un verre en totale immersion dans l'univers du film, et aussi visiter l'incroyable collection originale du maître.
Alien, le 8ème passager
Avec ce titre, Ridley Scott, l'auteur du film originel, a réalisé le tour de force unique en son genre d'avoir donné un nouveau sens à un mot, le mot "Alien" (ou "étranger" en anglais). Depuis ce film, on dit "alien", même en français, pour désigner une créature extraterrestre hostile, que ce soit au cinéma, dans les romans, les comics, les dessins animés, etc. C'est dire la force évocatrice du film sorti en 1979 et de son monstre que l'on doit au plasticien H.R. Giger.
Si le mariage de l'horreur et de la science-fiction n'était pas une nouveauté en 1979, le film marqua par son incroyable efficacité et par sa perfection graphique. Et H.R. Giger fut couronné d'un oscar en 1980 pour sa collaboration sur le film. Avec la sortie du nouvel opus signé Fede Alvarez, la franchise en est à son 9ème film. Une longévité qui est l'apanage des très grands succès hollywoodiens.
Le museum H.R. Giger
Ce musée vit le jour à l'initiative de l'artiste, lui-même de nationalité suisse, suite à l'une de ses expositions à Gruyères, dans le château. Ses 35 000 visiteurs annuels s'intéressent incontestablement plus à son univers onirique, pour ne pas dire cauchemardesque, qu'au fameux fromage qui porte pourtant le nom de la commune. Ce musée est grand, puisqu'il abrite 500 œuvres dont l'univers a directement inspiré celui de la créature. Impossible donc de s'ennuyer.
Notez toutefois qu'il n'est pas pour tout public, certaines œuvres pouvant choquer. Mais ceux qui viennent ici savent généralement à quoi s'en tenir. Précisons aussi que l'inspiration singulière de Giger a également servi à l'époque le design spectaculaire de nombreuses pochettes de disque, notamment une fameuse utilisant les traits de Debbie Harry pour la couverture de son premier disque solo, KooKoo. Ainsi que celui d'autres films qui n'ont pas toujours été menés à terme, comme le "Dune" de Jodorowski.
Le café Giger, juste en face
On traverse la ruelle et on se retrouve à nouveau dans un décor de film d'horreur façon Giger. Là, vous pourrez vous attabler et prendre un verre dans des fauteuils confortables structurés par des carcasses d'animaux imaginaires. Le plafond est lui aussi couvert d'ossements parcourus de ces colonnes vertébrales souvent présentes dans les œuvres du créateur.
Dans cet univers qui oscille entre sensoriel et macabre, vous n'aurez pas forcément envie de boire un verre, mais vous serez amusé de reconnaître dans ses grands sièges celui du pilote alien du premier film, qu'on retrouvera 30 ans plus tard dans "Prometheus".