Découvrez 3 lieux d’histoire et de culture à visiter dans cet ancien pays communiste

Empire roman, empire byzantin, empire ottoman puis période communiste : l’Albanie a connu bien des dominations et emprises. La dernière, bien que nettement plus courte que toutes les autres – une quarantaine d’années en tout – a laissé une trace indélébile sur le pays, son histoire, son art et sa culture. Petit tour d’horizon des lieux en lien avec cette histoire à visiter !

1. Bunk'Art 1 & 2

Au début des années 70, le Ministère de l’Intérieur entame la construction de tunnels à Tirana et dans le reste de l’Albanie dans le but de bunkeriser le pays. 175 000 bunkers sont bâtis : ils ont différentes tailles et formes. Si certains sont construits dans les montagnes, une partie d’entre eux est enterrée sous les villes. Parmi eux se trouvait le bunker du ministère de l’intérieur, dont le nom de code est « Objekti Shtylla ».

Constitué de 24 pièces, il inclut un appartement réservé au Ministre des Affaires Internes. La construction dure de 1981 à 1986, mais ni Mehmet Shehu, le premier ministre, ni Enver Hoxha, dictateur communiste qui gouverna le pays de 1944 à sa mort en 1985, ne virent la fin du projet.

Le projet Bunk’Art débute en 2014 avec l’ouverture au public du premier d’entre eux. Bunk Art 2 suit 2 ans plus tard, en novembre 2016. Le premier est consacré à l’histoire de l’armée communiste albanaise et à la vie quotidienne du peuple albanais sous le régime. Le second s’intéresse à l’histoire du ministère de l’intérieur de 1912 à 1991 et révèle les secrets de la police politique du dictateur Enver Hoxha, nommé « Sigurima » et qui brutalisa le peuple sur ordre du régime. Le projet se concentre sur la préservation de la mémoire collective.

Outre la sauvegarde de l’histoire albanaise et communiste, Bunk’Art met en avant l’art contemporain. Véritable lieu culturel, on y retrouve des expositions photographiques et des installations artistiques, notamment une œuvre qui montre le buste du dictateur Enver Hoxha dans un panier de basket. Enfin, il est possible de voir sur écran, en noir et blanc, des photos de l’époque relatant l’endoctrinement communiste.

2. La Maison des Feuilles

Sous le régime communiste, la Sigurima, la police politique du dictateur, mène une campagne d’espionnage global sur l’ensemble du territoire albanais. Le peuple est intégralement placé sur écoute. Construit en 1931, le bâtiment a d’abord pour vocation de servir de clinique. La House of Leaves (La Maison des feuilles) devient finalement un bureau dédié à la sécurité et à l’écoute, mais sert aussi à la torture. Le lieu abrita aussi la Gestapo pendant l’occupation allemande.

Après l’effondrement du régime communiste, la Maison des Feuilles est transformée en musée consacré à cette surveillance secrète. Aussi connu sous le nom de Musée de la Surveillance Secrète, il ouvre ses portes au public en mai 2017. L'établissement est « dédié aux personnes innocentes qui ont été espionnées, arrêtées, poursuivies, condamnées et exécutées sous le régime communiste », peut-on lire sur son site internet.

3. Le Musée de l’armement à Gjirokastra

Gjirokastra, la ville d’argent aux mille marches. Bâtie à flanc de montagne, elle est une véritable ville musée. Lieu de naissance du dictateur, ce statut la préserve. La citadelle de Gjirokastra, érigée lors du 12e siècle de notre ère sur un éperon rocheux, donne son nom à la ville qui fut fortifiée dès le 6e siècle par les Byzantins (qui la nomment Argyrokastro - « Château d’argent » - avant que le nom ne se transforme pour devenir Gjirokastra). Avec ses 600 mètres de long et 70 de large, il s’agit du plus grand château d’Albanie.

Si les remparts offrent un panorama impressionnant sur la vieille ville, le massif de Mali i Gjerë (« large montagne ») et la vallée du Drino, la forteresse abrite aussi le musée de l’armement. Les souterrains, utilisés comme entrepôts et poudrière puis comme prison de 1930 à 1990, marquent le commencement de la visite. Une cour abritant le mausolée de dignitaires bektachis du 16 et 17e siècle se trouve sur la droite.

La « Grande Allée » – un chemin souterrain qui traverse le bunker – mène à l’entrée dudit musée de l’armement. Y sont exposés, en vrac : des canons de l’armée d’Ali Pacha et la carcasse d’un chasseur de l’armée de l’air américaine (un Lockheed T-33 Shooting Star forcé d’atterrir près de Tirana le 23 décembre 1957, dont le pilote fut libéré 2 semaines plus tard).

Ici aussi, le devoir de mémoire de l’histoire récente ne vient pas sans la mise en avant de la culture albanaise : de nombreux festivals sont organisés dans la cour de la forteresse, d’où l’on aperçoit la tour de l’horloge qui, tendue vers le ciel, domine la ville.