Skellig Michael et Little Skellig. A elles deux, elles font la paire. Et une bien belle paire pour tout avouer.
Cet archipel de 2 îles, situé à 16 kilomètres à l'ouest du Cap Bolus dans le comté de Kerry, est, avec les îles Blasket, un des lieux les plus à l'ouest de l'Europe. Les deux soeurs, Little Skellig et Skellig Michael, ne sont pas pour autant jumelles.

La plus petite des deux, Little Skellig, abrite une flore et une faune exceptionnelle qui ont pu s'épanouir grâce à la configuration des lieux. En effet, cette île est en fait un immense rocher noir totalement inaccessible à l'homme, qui n'y a jamais abordé.
Du coup, guillemots, macareux, goélands et fou de bassans en ont profité pour investir les lieux en toute tranquillité. Avec près de 20 000 couples, l'île abrite la plus grande colonie de fou de bassans d'Irlande ; lors de la nidification, la population de fou de bassans est tellement dense qu'elle recouvre, parfois, l'intégralité de l'île qui, de noire devient blanche.

Dominant le niveau de la mer de ses 210 mètres de roches qui émergent des flots, Skelling Michael, malgré le fait que l'homme en ait foulé les pentes, demeure la plus sauvage des deux.
D'ailleurs, il est assez troublant d'imaginer les conditions de vie qu'a dû endurer la petite communauté de moines qui s'y établit pendant près de 6 siècles après la fondation d'un monastère par saint Finian au VIe siècle.
Les membres de celle qui fut l'une des premières communautés monastiques chrétiennes d'Europe occidentale, ont mené sur cette île une vie d'ascètes très contraignante en raison des conditions climatiques et du peu de ressources dont ils disposaient. Pour accéder à l'abbaye de saint Finian, les moines ont taillé plus de 500 marches dans la pierre. Composée de 6 cellules circulaires (sortes de bories) faisant face à l'océan, 2 oratoires, des croix et des tombes, l'ensemble présente une architecture purement celte, la construction en pierres sèches empilées sans mortier permet d'évaluer l'édification au IXe siècle.
Subissant les assauts répétés des vikings et devant faire face à une dégradation progressive du climat (refroidissement climatique et accroissement de la fréquence des tempêtes), les moines renoncèrent à leur établissement permanent sur l'île vers le XIIe ou le XIIIe siècle.
Ils ont alors laissé la place à plus de 23 000 oiseaux qui se sont établis dans ce sanctuaire où il n'est possible d'aborder que quelques dizaines de jours par an.