En réalité, nous n'avons jamais compris pourquoi la direction du Bugibba hotel a décidé de nous accueillir, pour deux nuits qui plus est. En pénétrant dans la chambre, vous comprendrez que les espaces communs douteux sont ce que l'hôtel a de mieux à offrir à ses clients.

Mais procédons avec ordre. On me loge du côté de la rue. Je m'aperçois de cet inconvénient durant mon sommeil quand la combinaison de la movida locale et des vitres non insonorisées m'empêche de dormir. La vieille porte, si fragile, n'atténue pas le bruits de la circulation dans les couloirs ni le vacarme de mes bruyants voisins.
Du reste, si la direction n'est pas responsable de l'éducation de ses clients, elle pourrait au moins veiller à l'état des chambres. Le téléviseur, un vestige des années 1970, avec trois boutons manuels et sans télécommande perd tout son charme lorsque je m'aperçois de la saleté présente sur le sol (que je dois fouler pour accéder aux commandes du téléviseur) qui noircit petit à petit mes pieds.
La sensation de saleté est générale : du couvre-lit vieux-jeu, qui, comme les draps et la taie d'oreiller (trop courte) n'a pas du tout l'air de sortir du pressing, au bois démodé de la porte (avec une fermeture à clenche), le mobilier et les accessoires ne parviennent pas à mettre le client à l'aise.

Mais le sommum reste la salle de bains. Du lavabo à la "douche", vous expérimenterez l'art de régler la température : Le premier est muni d'un système à deux robinets, et la deuxième d'une pomme à faible débit (avec à peine un filet d'eau), et vous ne disposerez que de deux serviettes bien peu moelleuses et de deux minuscules savonnettes. Inutile de réclamer un shampooing à la réception : ils n'en ont pas.
Après une toilette sommaire, après avoir évité le rideau de douche en plastique peu attrayant et après avoir franchi la barrière de la baignoire (qui "acceuille" la douche), vous êtes enfin prêt pour le jeu des lumières. En l'absence d'un système direct de commandes, le client doit avoir la patience de traverser la pièce dans tous les sens pour parvenir à éteindre toutes les lampes.

La chambre dispose d'un accès wireless, dont la lenteur sera décidément le moindre inconvénient durant votre séjour.

L'hôtel est une destination saisonnière du tourisme anglais : vu sa bonne capacité et sa position centrale à Bugibba, la structure est régulièrement choisie par des groupes britanniques d'âge moyen, qui fréquentent assidûment le bar au rez-de-chaussée et le karaoké très apprécié qui l'anime tous les soirs. Les grands espaces seraient du reste un des principaux mérites du Bugibba Hotel, qui appartient incroyablement au même propriétaire (le groupe Vassallo) que le George's de San Giuliano, le quatre étoiles le plus en vue de la riante station balnéaire. Nous parlons au conditionnel, car du hall au restaurant, les lieux de la résidence sont décidément vieux-jeu. Structuré sur cinq étages et muni d'un patio externe (très agréable, sur la rue), l'hôtel transmet dans l'ensemble la sensation d'un manque de propreté et d'abandon, sans aucune perspective de changement.

Un buffet de mauvaise qualité anime le restaurant au sous-sol. Aménagé dans une salle sans éclairage naturel, le service laisse à désirer au niveau de la fraîcheur de l'offre qui assure une certaine variété. On y sert également le petit déjeuner.

Née dans les années 70, Bugibba a vu grandir les grands bâtiments touristiques à Malte. Aplatie par un tourisme essentiellement nocturne, elle offre une atmosphère grise et des excès faciles sans plaisir.